
Christoph Blocher a déclenché une tempête qui dépasse le Röstigraben après avoir regretté le rejet par les cantons romands de l'initiative de l'UDC. Dans l'interview parue mercredi 12 février dans la Basler Zeitung, il estimait que les Romands ont toujours eu une conscience nationale plus faible.
De Henri Dunant à Max Petitpierre
Des voix alémaniques ont jugé ces propos inacceptables. A la Neue Zürcher Zeitung, Chirstophe Büchi juge que «la Romandie a peut-être moins de lutteurs, de lanceurs de drapeaux ou de Pierre d'Unspunnen, mais que ce n'est pas un barème de conscience suisse».
Il rappelle surtout que la Suisse romande a toujours été à la pointe de la Suisse moderne. «Qui a dirigé les forces de la Confédération dans la guerre du Sonderbund ? Le général genevois Guillaume-Henri Dufour. Qui a fondé la Croix-Rouge et créé la tradition humanitaire de la Suisse? Le Genevois Henri Dunant. Qui a dirigé l'armée durant la Seconde Guerre Mondiale? Le général vaudois Henri Guisan. Qui a instauré la politique de neutralité active après cette seconde guerre? Le Neuchâtelois Max Petitpierre. Grâce à une conscience nationale plus faible?
L'histoire contre Blocher
L'historien Hans-Ulrich Jost qui enseigne à l'Université de Lausanne remet les propos de Christoph Blocher dans le contexte de l'histoire qui a vu les cantons romands traités sur un pied d'inégalité jusqu'en 1815. Mais pour lui, les Romands n'ont pas de conscience nationale plus faible: les Radicaux romands étaient à la pointe de la création de la Suisse moderne, rappelle-t-il dans le Tages Anzeiger.
Pour le professeur, les propos du vice-président de l'UDC tiennent plus d'une politique d'exclusion qui vise tous ceux qui ne collent pas à la vision de la Suisse voulue par le parti: conservateur à l'intérieur et agressif à l'extérieur.

Les lecteurs désapprouvent
Les réactions négatives n'ont pas manqué non plus sur le site de la Basler Zeitung, ses lecteurs désapprouvant la remarque de Christoph Blocher. «Propos innommables envers les Romands. Dignes d'un Berlusconi.
Les Romands sont nos compatriotes. Nous sommes la nation du consensus: Monsieur Blocher, ne mettez pas tout çà en danger, ou encore...Honte à vous, Blocher! ecrit en français .
Du côté des Romands ça grince aussi, les politiques Romands ont réagis.
aux propos de Blocher...
François Longchamp, Président du gouvernement genevois (PLR)«Au nom de quoi Christoph Blocher nous donne des leçons de patriotisme?»
Pierre-Yves Maillard, Président du Conseil d'Etat vaudois (PS)«De la part de quelqu'un qui a vendu Alusuisse aux Canadiens et qui vendrait bien Swisscom ou La Poste aux Allemands, je ne reçois pas de leçons de patriotisme».
Pascal Broulis, Conseiller d'Etat vaudois (PLR) «Christoph Blocher est-il démocrate? A-t-il du respect pour les perdants? On peut en douter?»
Pierre Maudet, Conseiller d'Etat genevois (PLR) «Comme le résultat de son initiative, Christoph Blocher est juste suffisant, son mépris pour les Romands est à la hauteur de sa méconnaissance de ce qui fait la Suisse aujourd'hui, diverse et fière de ses différences»
Jean-Nathanaël Karakash, Conseiller d'Etat neuchâtelois (PS) «Je n'ai pas la même conception que Christoph Blocher de ce que doit être la Suisse et, heureusement, il n'a pas le monopole de la définition de la nation.»
Jean-Michel Cina, Conseiller d'Etat Valaisan (PDC) «Je suis fâché contre ces gens qui parlent au nom de la Suisse, comme si la Suisse n'était que la leur. (...) Christoph Blocher ne comprend strictement rien à l'histoire de notre pays.»
Yvan Perrin, Conseiller d'Etat neuchâtelois (UDC) «Je comprends qu'on puisse prendre mal les propos de Christoph Blocher, mais ils ne reflètent que la vision qu'un Suisse alémanique peut avoir du fait d'être Suisse.»
Finalement pourquoi s'offusquer de ses propos ? L'UDC est le parti de l'exclusion et de la destruction de la cohésion nationale. Que reste-t-il des origines paysannes à part le "C" du nom ? Rien, de la haine, de la division et une envie massive de créer des problèmes là où il n'y en a pas. Le résultats du scrutin en est l'exemple le plus criant.
D'autant qu'en insultant de la sorte les Romands, il insulte par ricochet les Zürichois les Zougois et les Bâlois... et tous ceux qui on voté contre ses idées aux relents moyenâgeux !!
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