
Le premier Conseil fédéral de 1848
Après la Guerre du Sonderbund, est rédigé et accepté le 12 septembre 1848 une nouvelle constitution remplacent celle de 1815, et pour la première fois (excepté la République helvétique de 1798-1803), la Suisse se dote d'un pouvoir central fort, avec des compétences accrues en matière de diplomatie, de défense nationale, de monnaie, de douanes, de poste... La nouvelle constitution est rédigée début 1848 et elle est adoptée par la Diète. Elle sera ensuite approuvée par les 22 cantons.
L'idée maîtresse de la nouvelle charte est de donner à la Suisse un gouvernement plus centralisé et de lui confier bon nombre de pouvoirs et de devoirs qui incombaient jusqu'alors aux cantons.
Ce transfert de compétences va favoriser le développement économique du pays en supprimant les barrières douanières intérieures qui avaient empêché jusqu'alors la libre circulation des personnes, de marchandises et des valeurs pécuniaires.
Sur le plan des institutions, la principale innovation est la mise en place d'un Parlement bicaméral – l'Assemblée fédérale – et d'un gouvernement de sept membres, le Conseil fédéral, avec une présidence tournante.La nouvelle constitution garantit par ailleurs aux citoyens un certain nombre de droits et de libertés, notamment la liberté de la presse, la liberté de religion et le droit d'établissement.
Autre innovation importante : le droit des citoyens d'obtenir un changement de la constitution par vote populaire. À relever cependant que comme partout ailleurs à l'époque, seuls les hommes ont le droit de vote.
La nouvelle Assemblée fédérale se réunit pour la première fois le 6 novembre 1848, les forces réformistes et progressistes étant nettement majoritaires. L'Assemblée élit le premier gouvernement fédéral et désigne le premier président fédéral en la personne de Jonas Furrer. Elle fait par ailleurs de Berne la capitale suisse ou plus exactement la ville fédérale comme elle s'appelle officiellement.
Dans les années qui suivent, l'Assemblée fédérale adopte une série de lois qui centralisent et unifient l'administration. L'État fédéral prend ainsi en mains les services postaux et crée une monnaie et un système de poids et de mesures unique. Il abolit par ailleurs les douanes intérieures, qui avaient sérieusement handicapé jusqu'alors le commerce inter-cantonal.
La Suisse a l'avant-garde de l'Europe : Ces transformations font de la Suisse, bloquée dans son évolution par des structures d'un autre âge, un Etat moderne. Mais il faudra des décennies pour que les plaies du Sonderbund se cicatrisent. Ce n'est qu'en 1891 qu'un conservateur, le Lucernois Joseph Zemp, accède au Conseil fédéral, jusque-là totalement en mains radicales.
La victoire des forces progressistes en Suisse aura un important retentissement en Europe. Les tenants du libéralisme y verront le prélude à un bouleversement de l'ordre politique. Bouleversement qui interviendra d'ailleurs quelques mois plus tard avec les révolutions de 1848. La Suisse aura vraiment joué un rôle de précurseur en Europe.
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