Donner la mort à une personne qui souffre d'une maladie incurable. La Suisse est l'un des rares pays du monde qui ne punit pas celui qui assiste le suicide de ceux qui veulent en finir avec leurs souffrances.
Forte de cette exception juridique, EXIT, Association pour le droit de mourir dans la dignité, accompagne ceux qui optent pour la délivrance plutôt que d'endurer l'agonie face à la maladie. Créée en 1982, à Zurich et à Genève, l'association compte aujourd'hui 15'000 membres romands et 70'000 alémaniques, âgés de 21 à 103 ans. Ses permanents et bénévoles escortent jusqu'à leur trépas volontaire des gens qu'une maladie éprouvante et pour laquelle les traitements n'existent pas encore, épuise et désespère. Mais pour les malades incurables, la fin de vie n'est pas forcément synonyme de suicide. Il y a 25 ans, une discipline médicale est apparue, les soins palliatifs. Ses praticiens accompagnent les personnes en fin de vie en soulageant leurs douleurs les plus insupportables.
On ne connaît ni le jour ni l'heure. Quand une maladie survient, avec les douleurs, la déchéance, nous voilà face à la mort. Ce qui reste à vivre apparait comme terrible et angoissant. Comment s'épargner une lente agonie, pour soi comme pour ses proches? La Suisse est le seul pays au monde où des associations telles qu'EXIT proposent, en toute légalité, une assistance au suicide pour les personnes en fin de vie. Depuis plus de vingt ans, des bénévoles accompagnent malades et handicapés vers une mort choisie qu'ils estiment plus digne. Accompagnateurs et accompagnés abordent la mort de front. Non comme un tabou, ni comme une fin inacceptable, mais comme une délivrance. Dans une société qui tend à tout maîtriser, cette question d'ordre intime: le droit de choisir sa mort n'est-ce pas notre ultime liberté?
Exit menacé par Berne :
Le Conseil fédéral propose une nouvelle fois de légiférer. Ses pistes privilégient un durcissement face à la pratique actuelle. L'association Exit monte au créneau. Elle a présente ses arguments.
Exit est inquiète pour son avenir. Le Conseil fédéral a ressorti l'idée de légiférer sur l'assistance au suicide organisée. Une loi, en soi, l'association n'y est pas opposée. Le problème, pour elle, est que deux pistes sont évoquées: fixer des garde-fous ou interdire carrément les organisations d'assistance au suicide. La réaction ne s'est pas fait attendre, alors que la procédure de consultation n'a pas débuté, Exit a déjà dit tout le mal qu'elle pensait d'éventuels durcissements.
Instaurer des garde-fous administratifs? Retarder le rendez-vous d'un patient avec la mort ne ferait qu'augmenter ses souffrances, rétorque l'association. Limiter les candidats à l'assistance à ceux très proches de la mort? Cela contraindrait à la vie, et donc à la souffrance, des personnes atteintes de sclérose en plaques ou d'alzheimer. Interdire les associations? Les médecins n'apprennent pas l'assistance au suicide et n'ont pas notre expertise en la matière, argumente Hans Wehrli, président de la section alémanique d'Exit. S'ils intervenaient sans nous, cela pourrait entraîner des complications (crampes, vomissements, lente agonie...), comme cela se voit à l'étranger. Une étude effectuée aux Pays-Bas montre qu'on assiste, dans 23% des cas, à des complications.
La mort est une question privée! :
Exit affûte donc ses armes. Et son cri de guerre est lancé, (La mort est une question privée!) L'organisation fait aussi l'inventaire de ses troupes, près de 70 000 membres, dont 15 000 en Suisse romande. Sans oublier le soutien de la population, dans un sondage réalisé par l'Institut M.I.S Trend et publié en avril, 74,3% des personnes interrogées se déclaraient favorables à la pratique actuelle. Autres amis, les professionnels de la santé. Et notamment Jacques de Haller, président de la Fédération suisse des médecins, pour qui une interdiction des organisations serait (la plus mauvaise solution).
Partage